Inonotus hispidus
De la jeunesse dorée à la vieillesse noire, de la turgescence juteuse, éclaboussée de gouttelettes d'ambre à la mort sèche et cassante, de la fragrance de pain d'épice à la légère odeur de bois sec... Inonotus hispidus (Bulliard) Karsten participe de ces rencontres insolites et merveilleuses, au détour d'un vieux frêne, d'un antique poirier, ou au faîte d'un platane lorsque, bien inspirés, nous levons les yeux au ciel.
Son nom – qui se scande comme un air de rap – se nourrit des racines grecques inos : fibre, poil, et, au choix, notos : dos, bosse, ou ôtos : oreille. Bosse ou Oreille poilue, ce nom d'aspect peu engageant, renforcé par le qualificatif hispide : hérissé de poils raides et épais, ne sied guère à notre champignon que dans l'extrême vétusté et la mort.
Cet étonnant polypore mérite que l'on s'attarde sur son écologie. Estival, annuel (mais au mycélium pérennant) il développe en un tour de main ses grandes consoles d'un jaune orangé vif fort éphémère, qui s'enténèbre rapidement jusqu'au noir absolu ; c'est dans cet état de noirceur qu'il reste accroché à l'arbre hôte une partie de l'hiver, jusqu'à tomber au sol tel un vieux nid d'oiseau.
En Berry et ailleurs, je le rencontre principalement sur trois sortes d'arbres, toujours âgés : sur poirier, sur frêne (au Pêchereau par exemple), et surtout sur platane, perché très haut. En Aubrac et en Margeride il loge sur les frênes-rois, au bord des routes et dans les villages. À Paris, Lyon, Nantes, Richelieu, Amboise, Saint-Gaultier... et en n'importe quelle autre ville arborée de platanes, il perche sur les plus hautes cimes au milieu des corbeaux.
(26 septembre 2013)
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