Archives Fonge et Florule

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La Mycène au bonnet

La Mycène au bonnet


Photo Yvan Bernaer

 

Longtemps les mycènes se dirent au masculin, alors que le mot latin "Mycena" eût voulu qu'on l'énonçât au féminin : une mycène.

Et pour parfaire le quiproquo, notre mycène : Mycena galericulata (Scopoli : Fries) Gray, est improprement traduit par "Mycène en casque" (par rapprochement avec le mot "galea" : casque)... alors qu'elle porte un "galerus", c'est-à-dire un bonnet de peau.

Mais revenons au joli mot  "mycène". Par cette figure de style appelée antonomase – qui consiste à remplacer un nom propre par un nom commun ou une expression : par exemple "le père de la psychanalyse" pour Freud, ou inversement : un don Quichotte, pour "un homme généreux et chimérique" – le nom propre "Mycena" désigne "le champignon en général" (du grec "mukês")... comme si les quelque huit cents espèces et variétés de ce genre incarnaient à elles seules toutes les propriétés du champignon.

Les mycènes sont petites et graciles, striées par transparence. Elles accompagnent sans faillir toutes nos balades dans la nature, pour peu que la sécheresse ne sévisse pas trop. Elles abondent en automne, dans la mousse, sur les feuilles mortes, sur les souches...

Rétives à livrer spontanément leur nom, la plupart nécessitent le microscope pour la détermination. Il en est cependant qui s'offrent aimablement à nos sens – par un lait rouge ou blanc, un disque à la base du pied, une "peau" glutineuse, une arête des lames diversement colorée, un relent prononcé d'ammoniaque, de radis, de rave...

Notre Mycène... n'a pas la tête près du bonnet : elle appartient à ce groupe aimable... et nous dévoile  sans réticence la nuance rose de ses lames, son odeur de farine – et surtout son goût de farine fraîche, quand on la mâchouille !

 

Chronique Echo du Berry du 26 novembre 2009



28/11/2009
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