Archives Fonge et Florule

Archives Fonge et Florule

La Physcie grise

La Physcie grise


Photo Yvan Bernaer

 

La loupe du botaniste, c'est l'enfance retrouvée. Elle redonne au botaniste le regard agrandissant de l'enfant. Avec elle, il rentre au jardin, dans le jardin "où les enfants regardent grand".

Ainsi le minuscule, porte étroite s'il en est, ouvre un monde. Le détail d'une chose peut être le signe d'un monde nouveau, d'un monde qui comme tous les mondes, contient les attributs de la grandeur.

La miniature est un des gîtes de la grandeur.

Gaston Bachelard, La poétique de l'espace

 

Orfèvrerie de noires apothécies sur thalle gris pâle.

Et la loupe nous le montre : les ténébreuses cupules sont liserées de gris, elles sont lécanorines¹.

La loupe continue sa promenade... découvre les macules blanches² qui parsèment le thalle... et alors jaillit le nom : Physcia aipolia³ (Ehrhart ex Humboldt) Fürnrohr... nom que viennent confirmer la goutte d'eau qui verdit le thalle, et la goutte de potasse qui jaunit la médulle.

Et pour parfaire le voyage dans le monde du minuscule, le microscope ajoute son grain de sel : les grandes spores brunes ellipsoïdes, cloisonnées, atteignent jusqu'à trente microns de longueur.

 

Notes :

1 – Une apothécie lécanorine est dotée d'un rebord thallin, contrairement à une apothécie lécidéine qui en est dépourvue. Ces deux mots viennent du grec "lekos" : assiette, écuelle.

2 – Les macules blanches correspondent à des pseudocyphelles, c'est-à-dire à des dépressions du cortex qui laissent apparaître la médulle blanche.

3 – Physcia aipolia : du grec "polios" : gris blanchâtre, et "phuskê" : gros intestin, d'où viande dont on le farcit, boudin ; allusion aux lobes du thalle parfois étroits, d'après Chantal Van Haluwyn & Juliette Asta... mais peut-être aussi aux apothécies noires... qui ressemblent à des sections de boudin ?

Physcia aipolia est fréquent sur les branches des chênes, à Velles.

Physcia stellaris, qui colonise également les feuillus, se démarque par un thalle qui ne verdit pas à l'eau, une médulle qui ne jaunit pas à la potasse, et par l'absence de pseudocyphelles.

 

Chronique Echo du Berry du 18 mars 2010



22/03/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 56 autres membres