Archives Fonge et Florule

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La trémelle mésentérique

La trémelle mésentérique
 
Photo Yvan Bernaer

                                                      

                              « On ne rêve pas profondément avec des objets.

Pour rêver profondément, il faut rêver avec des matières. »

                                                        Gaston Bachelard*

 

«  Les mycologues ont rêvé de matières, avant de rêver de formes et de couleurs. Ils ont donc nommé des matières, avant de nommer des formes et des couleurs. »**

La trémelle mésentérique (Tremella mesenterica Retz.:Fr.) illustre à souhait cette hypothèse. Non seulement elle tremble de toute sa gélatine jaune et translucide (du grec tremein : trembler), mais elle tremble « comme nos  entrailles » (du grec mesenterion).

Ce qui n'empêche pas ce champignon d'être enjoué ! Au coeur de l'hiver, il ponctue les branches mortes de jaune vif ou d'orange saturé, dans tous les bois et bosquets de feuillus de l'Indre.

Donnons la parole au grand mycologue Henri Romagnesi :

« C'est d'abord une masse tuberculeuse, plissée-ondulée, et elle finit par prendre un aspect très chiffonné, avec des lobes aplatis comme des feuilles. Elle est en général fixée seulement par un point central. » (Petit Atlas des champignons, Bordas).

La trémelle mésentérique peut être jaune très clair et revêtir des parties blanchâtres, surtout dans la vétusté, quand elle devient presque liquescente et se décompose sur place. Elle est l'espèce la plus commune parmi une vingtaine de trémelles, et s'apparente de près à l'oreille-de-Judas... le fameux champignon noir des soupes chinoises.

 

Lectures :

* « L'eau et les rêves », de Gaston Bachelard, (éditions José Corti.)

** « L'intuition de la matière chez les mycologues », de Richard Bernaer et Evelyne Ferrand-Hemmelding (disponible chez les auteurs ou à la Médiathèque Equinoxe)

 

Note :

Christian Deconchat, dans un article du bulletin n° 15 de l'Association mycologique de l'Indre (janvier 2008), nous informe de l'existence de Tremella aurantia Schweinitz : Fries (1822), sosie de Tremella mesenterica.

Contrairement à l'idée reçue, ces deux trémelles jaunes ne sont pas parasites des arbres, mais des champignons : Tremella aurantia, jaune à orange mat, opaque, souvent poudrée de blanchâtre, est parasite de Stereum hirsutum, alors que notre trémelle mésentérique, jaune à orange vif, est parasite du genre Peniophora selon la littérature, et de divers pyrénomycètes selon les observations de Christian Deconchat.



Chronique NR du 11 janvier 2007



03/07/2007
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