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Le bolet blafard

Photo Yvan Bernaer

Décrire la couleur de ce bolet fut un véritable casse-tête pour les mycologues. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la description qu'en fit le grand lettré Henri Romagnesi :

"Chapeau d'une couleur difficile à décrire, faite d'une superposition de jaune olive, d'orangé et de rougeâtre, d'ailleurs très variable à ce point de vue, allant du jaunâtre au rougeâtre et au brunâtre, fonçant beaucoup au toucher, à surface sèche, et même d'aspect mat..."

Au reste, Henri Romagnesi "se complaît" à nous maintenir en eau trouble quand il évoque l'adjectif latin "luridus" (utilisé pour nommer notre champignon) : "brun à brun-fauve, ou jaune encore plus pâle que "miel" : comme de la pierre... selon les interprétations".

André Marchand, quant à lui, trouve notre bolet "souvent jaunâtre olivacé au centre passant à des tons orangés ou brique vers le bord, çà et là maculé de bleu noir dans les endroits lésés, tantôt chamois sale uniforme nuancé de vert olive, tantôt brun sombre plombé ou couleur terre cuite..."

Et pour y ajouter mon grain de sel, je dirais que ce champignon me fascine par sa teinte unique en son genre : fangeuse plombée d'olivâtre – dont la matité ne semble que luisance retenue.
Au fait, est-il blafard comme on le dit ?

Certes oui, mais nous sommes à mille lieues d' "exsangues pensées" ou de "morne tristesse". Blafard comme la lune !

Note :

Le bolet blafard : Boletus luridus Schaeffer : Fries, volontiers printanier, aime les bois et les lisières calcaires. Outre son indescriptible chapeau – que l'on finit toutefois par reconnaître du premier coup d'oeil à force de passion et d'admiration – il se singularise par ses pores rouges, son réseau sombre ou vineux bien en relief sur le pied, sa chair jaunâtre bleuissante, typiquement rouge au niveau des tubes. Autrefois considéré comme comestible, il est maintenant au rang des suspects. Donc à ne pas consommer.

Chronique Echo du Berry du 18 juin 2009