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Charmes divers

Photo Yvan Bernaer

L'hiver est la saison idéale pour admirer les arbres à feuilles caduques. Ils se livrent à nous dans leur nudité, leur beauté graphique, leurs boursouflures et tortuosités, leur écorce léopardée de mousses et de lichens, leurs scions violines ou cire d'hiver.

Les charmes d'un bel âge sont des arbres musculeux. Leur tronc lisse et gris de cendre est spectaculairement sculpté de muscles saillants (il est impossible d'échapper à cette vision anthropomorphique). Nous demeurons pantois devant si svelte et athlétique force, devant musculature si pure.

Le charme : Carpinus betulus Linné, puise son étymologie dans les mots celtiques « car » : bois, et « pen » : tête, son bois ayant servi jadis à fabriquer les jougs des attelages de boeufs.

« Se porter comme un charme » pourrait être interprété comme « jouir d'une robuste santé, à l'instar de celle du charme » . Mais il n'en est rien : s'il s'agit bien de « jouir d'une belle santé » ... c'est sous l'effet d'une « formule magique » (carmen en latin) – sens originel de l'autre acception du mot « charme » .

Quant aux sens actuels de « délice, plaisir, attrait, séduction », les philologues évoquent un  affadissement progressif du sens initial. Mais cette édulcoration, dans le fond, en ôtant au mot originel sa charge dramatique, fatale et aliénante, en lui conférant en quelque sorte une légèreté salutaire, ne va-t-elle de pair avec notre sensibilité moderne, qui se méfie des envoûtements ? 

Trêve de ces charmantes divagations... glissons-nous dans la charmille « berceau de verdure ou de fleurs » (un autre glissement de sens !)... où il fait bon goûter les douceurs et les charmes de la vie.

Chronique NR du 31 janvier 2008