Le Cortinaire arc-en-ciel
Quand l'émotion esthétique rejoint l'étymologie et la sonorité... quel bonheur !
Ainsi en est-il de notre cortinaire : Cortinarius arcuatorum Henry (du latin arcuatorus : qui est de couleur changeante, qui a la jaunisse, qui a les couleurs de l'arc-en-ciel).
Jeune, son chapeau fauve ocracé vif où vibre un rose incarnat mêlé de violacé... pourrait en effet rappeler un morceau d'arc-en-ciel. Avec l'âge, il jaunit et se fige dans un ocre uniforme. Par ailleurs, ses lames d'un beau lilas et la marge de son bulbe soulignée de violet le projettent tout entier dans un contraste tendre, affine à celui des Callochroi... et dans une joyeuse clarté rose.
Le Cortinaire arc-en-ciel participe du groupe prestigieux des Cærulescentes, au sein desquels il se concocte une niche chez les Sodagniti. Une goutte de soude sur sa chair et sur sa cuticule* provoque instantanément une réaction encre rouge.
Le Cortinaire arc-en-ciel affectionne les bois de feuillus en terrain calcaire. En Berry, il se rencontre avec parcimonie dans la forêt de Laleuf, dans les bois de Thenay et de Chabenet.
Est-il comestible ?
Sa rareté, sa détermination réservée aux initiés... et sa beauté... le placent bien au-dessus des convoitises gustatives !
(25 octobre 2012)
*La distinction entre Cortinarius arcuatorum Henry et Cortinarius fulvoincarnatus Joachim ne reposait que sur une différence de taille (aléatoire) et sur la réaction sodique : là où le second réagissait en rouge sur la chair et la cuticule... le premier n'était censé réagir que sur la chair.
Adrien DELAPORTE, dans un article paru dans le bulletin SBCO de 1995, Tome 26, exprimait déjà que Cortinarius arcuatorum devenait encre rouge à la fois sur la chair et sur la cuticule. Observation confirmée dans une Note sur quelques cortinaires observés dans l'Indre les 11 et 12 novembre 1997 (A. DELAPORTE et R. BERNAER), in bulletin SBCO de 1998, Tome 29.
Aujourd'hui, la synonymie entre Cortinarius arcuatorum et Cortinarius fulvoincarnatus est confirmée par Giovanni CONSIGLIO, Daniele & Massimo ANTONINI, in Il Genere Cortinarius in Italia.
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