Le cortinaire couleur de cannelle
Le cortinaire couleur de cannelle
Photo Yvan Bernaer
Il est des mots qui nous font rêver.
Des mots que nous attrapons au vol, un jour, dans notre vie, parfois dans l'enfance, et qui ne nous quittent plus. Ils chantent en nous, nous n'en saisissons jamais totalement le sens, ils demeurent un mystère.
« Cinnamomeus » est un de ces mots pour moi.
Il est associé au petit cortinaire couleur de cannelle : Cortinarius cinnamomeus (Linné) Fries, que je « feuillette et refeuillette » dans les livres, qui m'obsède de son roux clair fondu et chaud, attisé par l'orange des lames... que je piste jusque dans les flacons d'épice. Mais je ne le trouve jamais dans les bois !
Jusqu'au jour où je le rencontre vraiment, dans toute sa splendeur typée. Je le tiens enfin ! Je retourne aux livres, je retourne aux flacons, mais la teinte de la suave poudre finit toujours par s'estomper... plus sûrement que son parfum.
Pourtant je l'ai vu et décide un brin de filiation. « Cannelle » : du latin « canna » : roseau, tuyau. Substance aromatique obtenue à partir de l'écorce du cannelier, laquelle se roule en séchant sous la forme de petits tuyaux. Les belles cannelures du chapeau de certains champignons, les cannellonis, ces grosses pâtes alimentaires en tube et bourrées de farce, la canne à pêche du pêcheur et la cannette de bière ont la même origine.
Cortinarius cinnamomeus affectionne les bois acides et moussus de l'Indre. Il est potentiellement toxique, à l'instar des autres petits cortinaires de couleur vive : rouge, orange, jaune, vert, qui tous contiennent des pigments anthraquinoniques.
Utilisé en Scandinavie pour la teinture des laines, il prête volontiers sa belle couleur rouille claire aux écharpes et aux bonnets.
Chronique NR du 18 octobre 2007
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