Archives Fonge et Florule

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Le Pâturin bulbeux vivipare

Le Pâturin bulbeux vivipare


Photo Yvan Bernaer

 

Le Pâturin bulbeux vivipare est un monstre : ses fleurs se sont métamorphosées en bulbilles. Ses organes sexués se sont disloqués et ébouriffés en organes asexués – dont le destin était d'être au contact avec la terre. Les parties telluriques de la plante sont montées à l'assaut des parties aériennes, les ont dévorées et ont pris leur place.

La monstruosité est belle – d'une beauté qui nous fige et nous envoûte. Quelle est cette graminée aux doigts crochus-tuméfiés, rouges et verts, agglutinés en balai de sorcière ?

Les plantes et les animaux ont une manière différente de vivre leur viviparité (du latin "vivere" : vivre, et "parere" : engendrer). Chez les animaux vivipares – dont nous sommes – l'œuf se développe complètement dans le corps de la mère. Les plantes vivipares, quant à elles, engendrent des bourgeons ou des bulbilles sur leurs parties aériennes (tiges, feuilles, inflorescences), qui se détachent, choient au sol et donnent naissance à une nouvelle plante.

Trois graminées s'adonnent à la viviparité : la Fétuque vivipare (elle l'est toujours), le Pâturin des Alpes (il l'est occasionnellement), et notre Pâturin bulbeux, très fréquent dans sa variété vivipare : Poa bulbosa Linné var. viviparia Borkhausen – notamment sur les lisières du Bois-du-Roi, près d'Issoudun.

 

Note :

Dans sa monographie des "Poa de France, de Belgique et de Suisse", Robert Portal émet l'hypothèse que la viviparité serait une adaptation de la plante à des conditions écologiques et de reproduction difficiles". Il signale que le Pâturin bulbeux vivipare affectionne les vieux murs... et qu'il affiche une incontestable valeur décorative.



 

Chronique Echo du Berry du 20 mai 2010



26/05/2010
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