Le phellin du fusain
Le phellin du fusain
« On ne voit vraiment que ce que l'on connaît, et par conséquent, ce que l'on nomme. »
Ceci n'est pas une boutade. Lors de l'exposition « Polypores et peinture » à la mairie de Châteauroux en 1988, qui mettait en scène des polypores « intra-muros », nombre de visiteurs furent éberlués de découvrir des champignons qui poussaient au pas de leur porte, sur leur trajet quotidien... et qu'ils n'avaient jamais remarqués !
On ne voit vraiment – et bien sûr on ne sent, ne savoure vraiment – que ce que l'on connaît, et nomme. Cet adage à lui seul pourrait suffire à motiver notre désir de connaissance : connaître pour voir, d'abord, pour mieux voir, pour voir plus.
Le phellin du fusain en est une édifiante illustration : omniprésent au pied de presque tous les fusains dans la force de l'âge, il passe totalement inaperçu ; il chausse cependant leur cheville de ses somptueuses consoles brunes verdies par les algues et les mousses, arborant son hyménium telle une gorge d'oiseau, chatoyante de jaune indien sur fond rouille.
Le phellin du fusain : Phylloporia ribis* (Fries) Ryvarden, est un commensal de l'arbuste. Un commensal est un « compagnon de table » ; il vit dans l'environnement immédiat d'un autre être vivant, en en retirant quelques avantages, mais sans tisser avec lui des liens de mutualisme ou de parasitisme. La lésion du champignon se limite à l'écorce de l'arbuste, elle n'affecte pas le bois. Les vieux fusains vieillissent tranquillement... et meurent de leur belle mort.
* Le type de ce polypore – qui se nommait autrefois Phellinus ribis forme evonymi – fut décrit sur diverses espèces de groseilliers (Ribes sp.).
Chronique NR du jeudi 17 janvier
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