Archives Fonge et Florule

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Un cortinaire couleur de faon

 

Photo Yvan Bernaer

 

Il fallait bien la rencontre du père de la mycologie : Elias Magnus Fries, grand subjectiviste en matière de nomination, d'un craquant petit animal : le faon, et d'un groupe de cortinaires fascinants par leur hygrophanéité, leur voile, leur lames rouille et leur odeur souvent terreuse... pour que naquît l'un des plus extraordinaires noms de champignon : le Cortinaire couleur de faon.
Il s'agit en fait d'un groupe complexe, célébré en une copieuse monographie1 par les cortinariologues de l'Atlas des Cortinaires.

À l'état imbu, notre cortinaire arbore un chapeau brun sombre à brun rouille, qui devient ocre blond en séchant et se macule de flammèches radiales noirâtres. Les restes de voile chatoient en une soie argentée à la base du stipe et à la marge du chapeau, et peignent le milieu du pied en une singulière trace annulaire blanche, oblique et fidèle. À ces caractères, ajoutons la grande taille du chapeau (plus de 10 cm de diamètre) et la robustesse du champignon (pied atteignant 1,5 cm de diamètre), les lames espacées et très ventrues, à arête blanche et crénelée (garnie de cellules stériles), la forte odeur terreuse ou dite de DDT, la spore pépiniforme (c'est-à-dire en forme de pépin de raisin d'après André BIDAUD) à ovoïde (7-9,5 x 5,5-6,5 microns), échinulée... et nous arrivons à Cortinarius solidus2 Bidaud, Moënne-Loccoz & Reumaux, synonyme de Cortinarius hinnuleus3 var. robustus4 Henry (invalide).

À l'instar de bien de ses congénères hinnuloïdes, son espace-temps se résume en quelques mots : bois hygrophiles et fin d'automne. Ceux de la photo poussent en groupe sous des épicéas qui voisinent avec quelques chênes et hêtres, en terrain argilo-calcaire, à Velles (Indre).

 

(13 décembre 2012)

 

 

 

 

1Atlas des cortinaires, Hors-série n° 1, Les cortinaires hinnuloïdes, André BIDAUD, Pierre MOËNNE-LOCCOZ, Patrick REUMAUX, avec la collaboration du docteur Robert HENRY, 1997.

2Suivons le cheminement qui nous est proposé dans la monographie des cortinaires hinnuloïdes :

- voile blanc ou grisâtre, le plus souvent spectaculaire ; taxons très hygrophanes : sous-section Hinnulei

- spores échinulées : série hinnuloides

- grande taille (chapeau atteignant 10 cm de diamètre) ; spores pépiniformes-ovoïdes (7-8,5 x 5,5-6 microns) ; conifères et feuillus : Cortinarius solidus.

Ce cortinaire évoque un gros Cortinarius hinnuleus à spores échinulées.

3Hinnuleus : jeune animal : faon, muleton ; adjectivement : couleur de faon.

4Le docteur Robert HENRY justifie le rang de variété par l'arête crénelée et blanc jaunâtre, hétéromorphe par des cellules claviformes étirées (in Flore analytique des champignons supérieurs, page 302).



16/12/2012
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