Le Chiendent des chiens
Photo Yvan Bernaer
Certes les chiens mangent de l'herbe pour se purger et c'est de là que vient le mot chiendent. Mais force est de constater que ce vocable, en s'émancipant du registre nutritif, a radicalement basculé dans un sens péjoratif : au propre il signifie toute plante indésirable dans les jardins et ailleurs, et au figuré une situation difficile, embarrassante, s'apparentant alors au mot chienlit dans l'acception de désordre, pagaïe.
Dans le domaine nutritif, les expressions générales et botaniques à partir du mot chien ne sont guère plus enviables.
Citons nourriture juste bonne à donner aux chiens, la Laitue de chien (les pissenlits), le Poireau de chien (l'Asphodèle blanc), l'Ail de chien (Le Muscari à toupet), la Violette de chien (inodore), la Camomille des chiens (à odeur fétide), la Salade de chien (un lichen : Peltigera canina), et des plantes toxiques telles que le Chou de chien (les mercuriales), le Raisin de chien (les fruits du Troène), le Persil de chien (la Petite ciguë), le Tue-chien ou Crève-chien (la Morelle noire).
Mais revenons à notre chiendent, qui recouvre en botanique plusieurs espèces de Graminées appartenant aux Elymus et à d'autres genres, et par assimilation populaire toute plante honnie des jardiniers.
Que reste-t-il alors, pour sa défense, à notre redondant Chiendent des chiens* ? Eh bien sa beauté ! Sa grâce ! L'élégance souple de son épi en spirale plane, natté de délicats épillets aristés.
(17 juillet 2014)
* Chiendent des chiens : Elymus caninus (Linné) Linné.
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