Carex caryophyllea
Jeu de ressemblances
Ce petit carex est l'un des tout premiers à poindre au printemps au milieu des herbes encore basses, dans les prairies sèches et calcaires. C'est à cette précocité qu'il dut son nom de Carex praecox, avant que le botaniste Latourrette, pris du vertige d'un jeu de ressemblances, ne le baptisât Carex caryophyllea Latourrette : littéralement « Carex qui ressemble à un oeillet » – éminent représentant de la famille des Caryophyllacées, regroupant des plantes à feuilles opposées insérées sur des noeuds renflés (du grec karuon : noyau, noeud).
D'autres carex apparaissent précocement, mais ils sont alors en pleine puberté. C'est au reste un moment à ne pas manquer pour observer les épis mâles échevelés d'étamines, et les épis femelles à peine formés, minces et effilés, mais ostentatoires de leurs deux ou trois stigmates – ces petits tentacules gourmands de pollen qui émergent des utricules. Rien de plus aisé que de les compter à ce moment-là, car plus tard, dans la plénitude de la maternité, il faut extrapoler : utricule plat : deux stigmates, utricule replet : trois stigmates.
Notre petit carex arbore deux ou trois épis femelles à utricules pubérulents dotés d'un bec court à trois stigmates, surmontés d'un gros épi mâle en forme de massue.
Il caryophylle coquettement avril.
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