Cortinarius subferrugineus
Dans la prime jeunesse, ce gros cortinaire est recouvert de la tête au pied par un lacis de fibrilles blanc grisâtre, qui lui confère un splendide aspect argenté-soyeux. Mais avec l'âge, il dévoile sa vraie couleur : brun terne à brun fuligineux. Son pied est progressivement envahi par cette teinte, pendant que l'allure de son chapeau s'inverse : le voilà parcouru, à partir du centre, d'un plexus de veinules brun sombre, qui tarit avant la marge et la laisse dans sa grisaille claire. C'est à n'en point douter cette métamorphose du chapeau qui valut à un cortinaire1 tout proche (peut-être synonyme ?) d'être qualifié de sordescent, c'est-à-dire de cortinaire devenant sale (du latin sordes : ordure, saleté, crasse).
Rappelons que les qualificatifs autour du mot sordide, en mycologie, sont loin d'être péjoratifs. Ils tentent de suppléer à une incapacité vertigineuse de traduire en mots des émotions de couleur, et surtout de noircissement de couleurs qui nous renvoient à la terre, à la fange, aux ténèbres d'où nous sommes issus.
Notre cortinaire, Cortinarius subferrugineus2 (Batsch : Fries) Fries, à pied bulbeux quand il pousse en solitaire, clavé-fusiforme quand il est cespiteux, à lames brun crème puis brun-roux vif, à chair brun chocolat en poudre à la base du pied, croît dans un matelas épais de feuilles mortes , sous des chênes sessiles en terrain calcaire, dans les bois de Gireugne, sur la commune de Saint-Maur (Indre).
(24 octobre 2013)
1 Cortinarius sordescens Henry
2 La grande taille du chapeau (non hygrophane) de notre cortinaire (jusqu'à 17 cm de diamètre), nous mène à Cortinarius subferrugineus. Mais mis à part cette imposante stature – et n'oublions pas que les tas de feuilles mortes donnent naissance à des géants ! – rien ne permet de le distinguer de Cortinarius sordescens, lui-même synonyme probable de Cortinarius aprinus Melot : littéralement Cortinaire de sanglier... Cortinaire de la Bête noire.
Cortinarius subferrugineus présente des spores ellipsoïdes de 8-11 x 5-7 microns, moyennement verruqueuses, et des cellules marginales sur l'arête des lames (la microscopie de Cortinarius sordescens et de Cortinarius aprinus est quasiment identique).
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