Harmonies prairiales
Photos Yvan Bernaer
Les Marguerites des prés aiment à se marier aux plantes roses, rouges, telle la Houlque laineuse ou l'Oseille sauvage exposée au grand soleil de printemps.
Le blanc immaculé se mélange de rose, de rouge, se gorge d'un sirupeux jus de fraise ou de framboise, se brouille de sang. C'est un blanc qui s'épaissit et se matérialise – à l'inverse de celui des glaciers qui se creuse de bleuté ou de rosâtre sidéral.
De leur côté, les Houlques laineuses déjà passablement gouachées s'alourdissent de crème, mêlent leurs suintements de fraise ou de framboise aux laves lactées, se voient battues en neige en une mélasse blanc-rose. Et les Oseilles sauvages couleur de braises perdent leur acidité, renoncent à leur cruauté rouge et leur drame sanguin.
La Marguerite commune : Leucanthemum* vulgare Lamarck, ne porte-t-elle au reste en son nom latin cette surcharge de matière blanche, apte à englober en un précipité laiteux tous les rouges prairiaux.
La Marguerite était la fleur du sacrifice lors des jeux amoureux. Au puéril « Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout », qui déshabillait tristement la fleur de ses ligules blanches... préférons-lui l'offrande d'un paysage entier, d'une harmonie prairiale de Marguerites des prés.
(5 juin 2014)
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