L'Agaric des jachères
Il y a rosé et rosés.
Dans sa monographie des Agarics datant de 1985, Marcel Bon en dénombre une centaine d'espèces et variétés européennes, dont certaines toxiques ou fortement indigestes. Dire qu'un rosé c'est simple est donc pure illusion. Il s'agit même d'un groupe particulièrement complexe, qui met souvent en difficulté les mycologues les plus chevronnés.
Aborder cette complexité nécessite d'abord d'inventorier et d'examiner les caractères importants à considérer. Pour les rosés, toute notre attention se portera sur l'anneau – qui peut être mince ou épais, fugace ou persistant, annuliforme ou en jupe, ascendant ou descendant, simple ou double, engainant, membraneux, pelucheux, en roue dentée... – sur le changement de couleur et son évolution (rougissement, jaunissement, brunissement), sur l'odeur agréable ou désagréable. Les réactions chimiques et la microscopie complètent par ailleurs efficacement la panoplie de l'agaricologue.
Notre rosé participe des Arvenses (du latin arvum : champ, et ensis : habitant de, né là), dont les nombreuses espèces sont sujettes au jaunissement, fleurent des parfums anisés ou d'amande amère et présentent un anneau supère en roue dentée. Et il en est le type, d'où son nom : Agaricus arvensis Schaeffer var. arvensis. Eu égard à son chapeau arrondi-convexe et blanc pur dans la jeunesse, il se fait volontiers appeler Boule de neige. Il jaunit spontanément au frottement (teinte qui évolue ensuite vers le roux) ; ses lames sont d'un rose plutôt pâle, et son pied blanc renflé à la base se montre lisse sous un anneau simple mais très ample, en roue dentée. Il sent l'anis sur le frais, et se plait dans les prairies amendées, dans les jardins. C'est un bon comestible... à condition de ne pas le confondre avec les rosés xanthodermes.
(4 octobre 2012)
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