Archives Fonge et Florule

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L'asphodèle blanc

L'asphodèle blanc
 

Photo Yvan Bernaer

 

Quelle inspiration profonde fallut-il à la commune la plus intime avec la « Grande Forêt »... pour baptiser sa salle des fêtes du nom de l'altière Liliacée, qui jaillit dès avril de sa vulve de feuilles glauques, hisse sa tête à la bruneur noire, se dresse... et se couronne de la blancheur du marbre. L'asphodèle est une fleur grave.

Les Anciens l'avaient fort bien compris. Dans la Grèce antique, elle était consacrée aux divinités des enfers, imaginée en « prairies tapissant les Champs Elyséens » et cultivée autour des tombeaux comme « mets le plus agréable pour les morts ». Plus tard, elle accompagna nombre d'écrivains, dont Rabelais, Chénier, Hugo,... puis Jensen et Freud sur les traces de la Gradiva, ensevelie à Pompéi lors de l'éruption du Vésuve.

L'asphodèle blanc (Asphodelus albus Miller) sécrète en son creuset une double androgynie : celle qui est le lot de la plupart des « plantes à noces visibles », dont les fleurs sont à la fois mâles et femelles, et celle contenue dans l'ambiguïté même de sa forme et de son nom : « asphodèle » est masculin, mais la pente naturelle est de le dire au féminin, et les écrivains s'en sont donné à coeur joie, tel Leconte de Lisle dans ses « Poèmes antiques ».

Si, comme l'écrit Jean Libis à propos de Gaston Bachelard, « l'androgynie est une expansion de l'être où se dissolvent et s'harmonisent les tensions du féminin et du masculin, du moi qui rêve et du moi qui pense » ...l'asphodèle est alors une « fleur rare » !

 

Lectures :

       Sigmund Freud : « Délire et rêves dans la Gradiva de Jensen ».

       Jean Libis : « Gaston Bachelard ou la solitude inspirée », Berg International éditeurs, 2007.









 

Chronique NR du 3 Mai 2007



07/05/2009
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