L'Aulne glutineux
L'Aulne glutineux
L'Aulne
glutineux¹ enroule notre langue en un moelleux serpentin, l'Aune
glutineux en soutire un son cave et rectiligne. Tous deux sont le même
arbre, et descendent du mot celtique "lan" : voisin des cours
d'eau. Le murmure de la rivière ne pouvait engendrer que mot doux et mouillé.
L'Aulne
glutineux – avant d'être feuillé – frissonne en brun dans le lointain. De
près, ses longs chatons mâles, denses et pendants, oscillent en violet pourpre
serti de jaune et de orange. Ils entraînent dans leur danse les fruits² secs de
l'an passé – cônes globuleux et noirs – et les petits chatons femelles de
l'année, qui pointent comme des ongles vernis de rouge.
Les
arbres "chatonnants" sont nombreux au tout premier printemps : les
peupliers, les bouleaux, les charmes, les noisetiers déploient leurs
suspensions vertes, jaunes ou rousses, pendant que les saules font pattes de
lièvres et queues de lapins.
L'Aulne
glutineux ou verne : Alnus glutinosa (Linné) Gaertner,
se plaît le long des ruisseaux et des rivières du Berry.
Notes :
1 – L'Aulne glutineux est à
la Houlque laineuse ce que l'Aune glutineux est à la Houque laineuse : cette
graminée ondoie en vagues roses dans les
prés au mois de mai, et son "l" est un garant de sa fluidité.
2 – Ces vestiges de fruits,
ligneux, ressemblent à des pommes de pins miniatures, et se nomment à cet effet
"strobiles" – mot qui racle un tantinet le murmure mouillé de la
rivière... mais dureté oblige.
Chronique
Echo du Berry du 1 avril 2010
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