L'auriculaire mésentérique
L'auriculaire mésentérique
L'auriculaire
mésentérique est un champignon-oreille dont les plis et replis, les
circonvolutions, ressemblent à des viscères. On peut dire aussi que c'est un
champignon qui « a les boyaux dans l'oreille » et, à
partir de cet exemple fungique édifiant, inventer un sens figuré à cette
expression, à l'instar des plus beaux fleurons de notre langue française :
« avoir l'estomac dans les talons », « le coeur dans
la gorge » – ou « sur la main » – « la bouche
en coeur », « bon pied bon oeil », ou « les
yeux plus grands que le ventre »...
Il est d'autres
champignons qui prêtent à sourire... à doux délire. Ainsi en est-il de la
crépidote : « l'oreille en pantoufle », de Pleurotus
pulmonarius : « l'oreille-poumon », de Calocera
glossoides : « la belle corne-langue », ou de notre
familière langue-de-boeuf : Fistulina hepatica : « la
langue-foie » (langue quand elle est jeune, foie quand
elle est vieille).
L'auriculaire
mésentérique : Auricularia mesenterica Dickson : Fries,
participe donc de l'oreille (du latin auris) et des entrailles (du grec mesenterion).
Elle aurait mérité également de s'appeler « oreille poilue »,
eu égard à ses chapeaux feutrés-hispides.
Elle se plaît sur
les troncs et les souches de divers feuillus, et se montre particulièrement
turgescente et opulente en cette période de l'année, à l'instar des trémelles
et autres exidies.
Les viscères sont
convoqués chez quelques autres champignons : chez notre coutumière Tremella
mesenterica, chez le singulier Marasmius splachnoides (du grec splagkhnon
: intestin), et chez le lactaire à coliques : Lactarius torminosus...
ainsi qu'au détour de trois mots du vocabulaire mycologique : allantoïde,
botuliforme, entériforme.
De quoi nous
remplir les boyaux de la tête ! ... n'est-ce pas ?
Chronique du 29 janvier 2009
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