L'Entolome en bouclier
L'Entolome en bouclier
Qui
pourrait se targuer¹ aujourd'hui de connaître les boucliers – s'entend, de les
connaître intimement, grâce à un apprentissage obligé et assidu du latin et des
textes guerriers qui s'y rattachent ?
Cette
connaissance, cette sensibilité, appartiennent à une autre époque, et le
mycologue contemporain ne s'aventurerait plus à nommer un champignon en
référence à un bouclier. La mémoire de ces objets n'en perdure pas moins à
travers quelques noms de champignons. Profitons-en pour la rafraîchir.
L'Entolome
en bouclier : Entoloma clypeatum² (Linné) Kummer, emprunte
son épithète spécifique à "clipeus" : bouclier ovale, en
métal, et à son dérivé "clipeatus" : pesamment armé. Notre
champignon, au chapeau convexe et bosselé, gris brunâtre sombre à l'état
imbu... put en effet évoquer quelque pesant bouclier en métal à Carl von Linné.
D'autres
boucliers latins furent invoqués : "parma", bouclier rond –
qui induisit le genre Parmelia : lichens foliacés, souvent en rosaces
(voir L'Écho du Berry du 25 février)... ou "scutum" :
bouclier rectangulaire ou ovale-allongé, qui légua son nom à un polypore
montagnard : Scutiger pescaprae : le "Pied-de-chèvre
porte-bouclier"... témoin qu'un mycologue halluciné prit un jour des
chevaux de guerre pour un troupeau de chèvres !
Notes :
1 – "Se targuer",
en ancien français : se couvrir d'une targe, c'est-à-dire d'un petit bouclier
en usage au moyen âge.
2 – L'Entolome en bouclier
– par sa poussée vernale, sa prédilection pour les haies, son odeur et sa
saveur farineuses, est allègrement confondu avec notre Mousseron de printemps
(il en diffère cependant par ses lames roses). Fort heureusement, il est
comestible !
L'Entolome des haies :
Entoloma saepium est très proche de l'Entolome des haies ; il en diffère par son
chapeau plus pâle et par sa chair roussissant dans les meurtrissures.
Chronique
Echo du Berry du 8 avril 2010
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