L'hellébore fétide
L'hellébore fétide
Le houppier vert clair se penche sur la palme vert sombre. Le contraste est saisissant. Rare. Il nous jette dans les yeux du printemps avant l'heure, constelle nos pas sur les coteaux calcaires* d'hiver. Penchons-nous à notre tour sur la singulière fleur. Les clochettes pendantes sont des rondes de sépales connivents (qui se touchent sans se souder), liserés de pourpre ou de grenat... alors que les minuscules pétales jaunes, lovés au fond de la coupe et embroussaillés d'étamines, demeurent invisibles. Des bractées foliacées s'associent à la gaieté verte. Les feuilles vert sombre, touchées de rouge vineux, évoquèrent tour à tour un pied de griffon (cet animal mythique à corps de lion, tête et ailes d'aigle), une patte d'ours, voire une rose de serpent, autant de noms vernaculaires qui furent donnés à la plante. Quant au nom savant de l'hellébore (ou ellébore) fétide : Helleborus foetidus Linné, il est d'origine obscure. Il pourrait cependant être rapproché du mot sémitique « helibar » ou « helebar » : plante qui guérissait de la folie – ce qui nous valut ces vers de Jean de La Fontaine, dans « Le Lièvre et la Tortue » :
« Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore » .
Ce que l'on sait pour sûr, c'est que l'hellébore fétide est une plante très toxique. En témoignent quelques autres noms populaires, tels mords-cheval, pisse-chien, herbe-enragée. Quant à l'odeur fétide dégagée au froissement, n'exagérons rien, Messieurs les botanistes « nez pincé » !
Chronique NR du 6 mars 2008
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