Archives Fonge et Florule

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L'herbe-aux-gueux

L'herbe-aux-gueux

 

Photo Yvan Bernaer

 

Le nom de la plante nous le dit : au Moyen Age, les mendiants se meurtrissaient volontairement les chairs avec l'herbe-aux-gueux ou clématite blanche... pour  « inspirer la compassion des passants » . Ils s'appliquaient des emplâtres de feuilles fraîches sur la peau, qui provoquaient rougeurs et vésicules, avivaient plaies et ulcères.

Dans quels misère et désespoir les humains étaient-ils plongés pour se livrer à de pareilles extrémités ? Question candide hors de son contexte historique, mais qui nous assaille, nous meurtrit.
Fort heureusement, notre belle liane, Clematis vitalba Linné, se voit gratifiée de noms plus réjouissants et poétiques : clématite vigne-blanche, aubervigne, Vigne-de-Salomon, (son bois ressemble à un sarment de vigne : « klêma » en grec), ou Cheveux-de-la-Bonne-Dame, Berceau-de-la-Vierge (ses spectaculaires fruits plumeux tapissent chaudement les haies et lisières calcaires de l'Indre en ce moment)... ou encore « traveller's joy » : joie du voyageur.

Au fait, voyons ce que nous dit Charles Darwin* à propos de la volubilité de la clématite blanche :

« J'ai vu des preuves nombreuses que les pétioles à l'état naturel sont excités au mouvement par une très légère pression. J'ai trouvé, par exemple, qu'ils embrassaient de minces brins d'herbe flétris, les jeunes feuilles molles d'un érable et les pédoncules floraux d'un Briza. Ces derniers ne sont guère plus gros que les poils de la barbe de l'homme, mais ils furent complètement entourés et saisis. ».

...ce qui, mine de rien, nous rappelle un autre nom vernaculaire de la clématite : barbe-de-capucin.

 

* « Les mouvements et les habitudes des plantes grimpantes », de Charles Darwin, 1845.

 

Chronique NR du 20 décembre 2007



05/01/2008
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