L'Hygrophore blanc d'ivoire
L'Hygrophore blanc d'ivoire
Le
blanc n'est pas une couleur foncièrement fungique – malgré le "blanc de
champignon¹" et les nombreuses espèces blanches. Car le blanc incarne le
ciel, les nuages, le désert, la neige, la pierre, la lumière, les eaux miroitantes,
les espaces ouverts... alors que les champignons sont plutôt du monde clos, des
forêts, des sous-bois, des grottes végétales et humifères, sombres et humides,
sourdantes, susurrantes...
Et si
l'on convoque les qualités abstraites et symboliques du blanc : la pureté,
l'épure, le minimalisme, l'absence... les champignons sont aussi l'inverse :
ils sont matière, mollesse, humidité, densité...
A
quels mots eurent alors recours les mycologues pour nommer le blanc ?
Ils
utilisèrent les racines grecque et latine : "leukos" et "albus"...
et surtout des références aux matières : "lacteus" (blanc de
lait), "niveus" et "chioneus" (blanc de
neige), "cretatus" (blanc de craie), "cerussatus"
(blanc de céruse)... et "eburneus" (blanc d'ivoire), pour
qualifier notre champignon.
L'Hygrophore
ivoirin : Hygrophorus eburneus² (Bulliard : Fries) Fries,
sème çà et là ses petites flammes blanches sur les litières mordorées des
hêtraies. Il se démarque des espèces voisines par sa forte viscosité (de la
tête au pied !), par sa belle blancheur quasi immuable et par son parfum de
peau de mandarine.
Notes :
1 – C'est le mycélium,
c'est-à-dire l'ensemble des filaments (souvent de couleur blanche), qui
constitue la partie non visible du champignon – la partie visible n'étant en
fait que l'organe reproducteur.
2 – Tout comme le
Cortinaire trivial, l'Hygrophore blanc d'ivoire est un champignon tardif.
Petits bonshommes de neige... pour vos
prochaines balades dans les hêtraies du Berry.
Chronique
Echo du Berry du 7 janvier 2010
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