L'inonotus du chêne
Les champignons aussi... pleurent
Sur sa souche de chêne, l'inonotus du chêne¹ pleure...
pleure toutes les larmes ambrées de son gros corps scrobiculé.
A-t-il du chagrin ?
Il pleure ... de sentir toute la puissance de vie qui
monte en lui, enfle... irrépressible... bien avant la grande poussée fungique
de l'automne et au moment où les plantes songent déjà au sommeil.
Au loin dans la forêt, sous l'écorce d'un vieux chêne
allongé qui a le bonheur de reposer en paix... pleure d'ambre et de concert le
rare petit Xylobolus frustulatus... pendant que sur un tronc de
hêtre larmoie limpidement l'unguline
marginée².
Dans un château où jamais courant d'air ne traverse,
pleure à chaudes larmes la mérule pleurante³. Dans les allées de terre
alentour, sanglotent les lacrymaires veloutés⁴ ; leurs grosses larmes fraîches et transparentes
perlent de leurs lames noires... et se mêlent aux gouttes laiteuses des bolets
larmoyants⁵ et
granuleux⁶.
Sur les branches, quelques petits champignons
gélatineux s'en amusent... tentent de les imiter... versent des larmes de
crocodile.
Le mycologue s'y laisse prendre... la larme à l'oeil... et les baptise Dacrymyces.
Note :
1 – L'inonotus du chêne : Inonotus dryadeus
(Persoon) Murill, est un polypore annuel qui pousse à la fin de l'été sur les
souches, racines et troncs de chêne. Il croît et grandit à une vitesse
incroyable et c'est à ce moment qu'il exsude ses larmes ambrées.
2 – Fomitopsis pinicola
3 – Serpula lacrymans
4 –Psathyrella lacrymabunda
5 – Suillus plorans
6 – Suillus granulatus
Chronique Echo du Berry du 10 septembre 2009
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 57 autres membres