L'oenanthe aquatique
Les Ombellifères sont exemplaires. Ce sont elles (au 17ème siècle) qui initièrent la première classification intellectuelle des plantes. La première classification désintéressée, gratuite, émancipée de tout aspect utilitaire : usages alimentaires, médicinaux, toxicité.
L'Oenanthe aquatique : Oenanthe aquatica (Linné) Poiret, pousse le pied dans l'eau. Derrière une apparence de force, elle cache une extrême fragilité. Sa tige, à la base, est une colonne digne des cathédrales. Mais elle est creuse et casse comme du verre. Ses feuilles, tendres et molles, découpées en courts segments vert clair quand elles sont aériennes, en lanières filiformes quand elles sont submergées, sont de la fine dentelle. Ses petites ombelles, dépourvues de bractées, sont pour la plupart disposées d'une singulière façon : latérales et opposées aux feuilles.
L'Oenanthe aquatique est monocarpique, c'est-à-dire qu'elle ne fleurit qu'une fois dans sa vie (les bambous en sont un mythique exemple). Mais elle a plus d'un tour dans son sac pour se reproduire : par la multiplication des tiges couchées radicantes, et par les boutures naturelles. Elle aime les eaux dormantes ou à courant lent. Celle de la photo a élu domicile dans un bras mort d'Arthon, au niveau d'un petit pont, entre le lavoir du Creuzançais et le Moulin neuf sur la Bouzanne.
Le mot Oenanthe m'a toujours fasciné... et inquiété. Peut-être parce qu'il est formé des mots grecs anthemon : fleur, et oinos : vin – véhiculant ainsi les effluves mystérieux des sociétés savantes ou d'initiés que sont la botanique et l'oenologie – et qu'il renferme en son creuset une pléiade de plantes sourdement vénéneuses.
(28 juin 2012)
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