La Ballote noire
Le plaisir des Labiées (III) :
La Ballote noire
De son feuillage sombre, de sa tige vineuse, la Ballote noire luit d'une lueur noire, avivée par le rose lumière de ses fleurs.
Elle me le murmure avec véhémence : "Une couleur faible, sous le coup de l'émotion ou de la peur, glisse vers une couleur forte." Dans le registre du noir, pensons à la Vallée Noire, à la Mer Noire, au Périgord Noir, aux Montagnes Noires, au Causse Noir, au Glacier Noir, à la Bête noire (le sanglier), au Milan noir, à la Vipère noire, à la Perche noire, au Pin noir, à l'Épine noire, à la Centaurée noire, au Demi-deuil, au Grand Nègre des bois...
"Ballote" vient du grec "belleïn" : rejeter... paraît-il en référence à l'odeur repoussante des feuilles froissées de notre plante. Mais quand il s'agit des odeurs – plus encore que pour les couleurs – c'est le vertige ! De la plante frottée, monte d'abord une senteur incertaine de citronnelle... qui se mute soudain en relents lamiacés... qui raccrochent çà et là des effluves citronnés. Le nez ballotte sur une mer de tempête, fragrances et remugles se mêlent, comme l'eau limpide à l'eau fangeuse.
La Ballote noire : Ballota nigra Linné, porte aussi le nom de "Marrube", issu de l'hébreu "mar" : amer, et "rob" : suc. Ici, nulle ambiguïté : les doigts qui ont touché la plante conservent pendant des jours une saveur amère.
Notre envoûtante Labiée apprécie la présence humaine et ses habitations. Celle de la photo croît sur le talus d'une ferme velloise.
Note :
Notre Ballota nigra correspond à la sous-espèce nigra, dont les dents du calice sont lancéolées et terminées par une arête.
Chronique Echo du Berry du 8 juillet 2010
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