Archives Fonge et Florule

photo Yvan Bernaer

Tout s'use, tout se désagrège dans notre monde pour finir en poussière. Les hommes comme les choses, les œuvres humaines comme les roches les plus dures, rien n'échappe à cette destinée.

André Assailly, Les poussières, Que-sais-je, 1956

L'énigmatique poussière¹ du monde n'eut de cesse d'intriguer les naturalistes... et de les inspirer dans leurs descriptions et nominations.

Ainsi, à partir de la racine grecque konis : poussière, les mycologues créèrent-ils les Coniophora : ces porte-poussière, les Coniocladium : ces ramaires à branches pulvérulentes, Amanita flavoconia, à poudre jaune, Pholiota conissans, qui répand sa poussière sporale ferrugineuse... sur la tête de ses voisines d'en dessous, ou encore les conidies : ces spores fungiques nées en dehors de toute sexualité et se dispersant comme poussière au vent. N'oublions pas les odeurs de poussière, qui titillent fréquemment les narines des cortinariologues. Les lichénologues, quant à eux, inventèrent la Cladonie poussiéreuse : Cladonia coniocraea² (Flörke) Sprengel, eu égard à ses podétions spectaculairement pulvérulents-farineux.

La Cladonie poussiéreuse se singularise, entre autres, par son thalle primaire constitué de petites squamules ne dépassant pas 5 millimètres de longueur, par ses podétions simples (non ramifiés), dont la base est cortiquée et lisse sur seulement 2 ou 3 millimètres de hauteur, et dont les extrémités sont le plus souvent effilées, mais parfois tronquées, plus ou moins mêlées de pointes obtuses et touchées de brun par la présence de pycnides ; notons enfin la belle réaction rouge-orange de l'ensemble du lichen à la paraphénylènediamine (P+), et la coloration brunâtre à la goutte de Potasse (K+).

La Cladonie poussiéreuse est fréquente sur les souches pourrissantes (observation au Petit Bellefonds, à Velles), où elle forme de denses petites forêts de troncs gris-vert, incurvés et pointus.

(11 avril 2013)