La collybie radicante
De la ride au pli :
la collybie radicante
« L'homme ne cesse de créer des plis, réalisant ainsi les objets les plus humains, tels éventails, tentes, parapluies, parachutes et surtout les livres, qui ne sont que des feuilles pliées, et qui prolongent à l'infini les circonvolutions du cerveau. »
Michel Tournier, chronique.
Toute ridée-cabossée, creusée de profondes saignées, de rigoles et de gorges, plissée comme la peau d'un nouveau-né ou tel un plissement hercynien... la collybie sort de terre !
Ridée ou plissée ? ... tout dépend de notre navigation... dans les creux ou sur les crêtes. Chaque ride engendre son pli, jusqu'à se confondre avec lui.
Le vocabulaire mycologique est fécond dans ce domaine. «Strié, striolé, striolulé, ridulé, plisseté, pliciforme, crispé, froncé, costé, costulé... » nous donnent une idée des gradients perçus par les mycologues.
La collybie radicante : Oudemansiella radicata (Relhan : Fries) Singer, c'est aussi ce gluten épais sur le jaune bistre ou gris-brun du chapeau, ces lames blanches, ventrues et espacées, cette chair mince et ce long pied gracile, rigide, parfois torsadé, effilé en une longue fausse racine qui se prolonge profondément dans la souche en décomposition sur laquelle elle trône, ou dans le sol jusqu'au morceau de bois enfoui.
Champignon avant-coureur, la collybie radicante annonce les poussées à venir... proches !
Lectures :
– « La vie dans les plis », Henri Michaux
– « Le pli, Leibniz et le baroque », Gilles Deleuze
Chronique NR du 4 octobre 2007
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