La coulemelle
La coulemelle
Les quelque quarante noms vernaculaires de la coulemelle : parasol, grisette, couamelle, Demoiselle, nez de chat, couleuvrée, Saint-Michel, baguette de tambour... sont une éblouissante démonstration de sa popularité – laquelle me semble reposer sur deux points :
La coulemelle est un comestible raffiné, pour peu que l'on apprécie sa saveur de noisette, et surtout sa consistance "molle en édredon", parcheminée... que les enfants de ma génération auraient pu comparer à de la guimauve, et ceux d'aujourd'hui à des "chamallows".
La coulemelle est l'incarnation même de l'élégance fungique. Elle est le top-modèle des champignons. Pas une fausse note en elle... dans l'équilibre de ses formes et de ses proportions : haute stature en parapluie, large sombrero sur sa jambe élancée, progressivement clavée vers le bas, double collier de perles fines... et dans l'harmonie de ses monochromes bruns et beiges, de ses chinures. René-Henri Monceaux nous parle d'un "large parasol écailleux comme une peau de serpent exotique", pendant que Henri Romagnesi nous dit de son pied svelte qu'il est "tigré en zigzags ou de peluches brunes".
"Baguette de tambour" quand elle est toute jeune, "nez de chat" quand elle pointe son doux mamelon, "coulemelle" quand son anneau coulisse le long de son pied, "lépiote" (du grec "lepis" : écaille)... quand elle arbore en rondes ses grandes plaques écailleuses sur son chapeau... elle affectionne les bois clairiérés, les lisières, les landes à fougères, bruyères ou genêts.
Note :
Notre délicieuse coulemelle : Macrolepiota procera (Scopoli : Fries) Singer, ne devra pas être confondue avec d'autres grandes lépiotes, indigestes ou toxiques, qui rougissent ou brunissent, et croissent volontiers dans les jardins, sur les composts ou les tas de sciure.
Chronique Echo du Berry du 22 octobre 2009
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