La ficaire
La ficaire

Photo Yvan Bernaer
Petite-éclaire, éclairette, éclairotte, clariotte, jaunette, mire-soleil, voleuse-de-soleil... la ficaire n'a pas à rougir de ses noms vernaculaires : elle est vraiment la petite lumière qui éclaire les talus et sous-bois humides de l'Indre, alors que nous sommes encore au coeur de l'hiver.
Corolle étoilée, or clair vernissé, elle lustre le nez des candides de son « bel éclat d'astre concave »... sans retour de fragrance : elle est une « fleur de beurre », à l'instar des autres boutons-d'or dont elle participe.
Ses feuilles sont des coeurs – vert foncé luisant, souvent tacheté – à l'aisselle desquels naissent des bulbilles dans la sous-espèce bulbilifer.
Bulbilles ! ... ajoutez à cela les tubercules qui pendent aux racines... et il n'en fallut pas plus pour que la ficaire (Ranunculus ficaria L.) se nommât aussi « herbe au fic » (du latin ficus : figue) – ces grosses verrues charnues visibles sur les ruminants et, par extension de sens... les hémorroïdes !
La ficaire portant la « signature des hémorroïdes », c'est-à-dire suggérant ces maux, fut utilisée comme remède pour les soigner, sous forme d'onguent, de compresses, de décoction.
Elle s'attira aussi quelques « petits noms » qui traversèrent les siècles tels « couille à l'évesque » (XVII siècle), « couillons de pestre » (XVI siècle), ou « testiculos sacerdoti », dans les marges du « livre d'heures » (de prières) d'Anne de Bretagne au XV siècle !
Chronique NR du 1 mars 2007
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