La Golmotte
La Golmotte
Si l'on considère que le
degré d'évolution d'un champignon se mesure à la performance, au raffinement et
à la protection de son organe reproducteur... les amanites sont alors au rang
des élues.
Leurs lames tapissées de
spores sont nombreuses et minces, et protégées par deux voiles : le voile
général ou universel – sorte de coquille molle qui enveloppe complètement le
"champignon bébé" – et le voile partiel ou hyménial, qui deviendra
l'anneau.
Chez la Golmotte ou Amanite
vineuse : Amanita rubescens Persoon : Fries, l'anneau est
une ample jupe plissée ; le voile général, friable, se résout en plaques
membraneuses labiles, fines ou larges, blanchâtres à jaunâtres, ne laissant
rien à la base du pied, qui est en toupie.
Les restes de voile sur le
chapeau – que je nommerais volontiers reliefs de voile (par analogie à
"reliefs d'un repas"), vestiges ou reliques vélaires... plutôt que
verrues ou écailles, sont primordiaux dans la reconnaissance des amanites. Par
exemple, chez l'Amanite épaisse, ils sont grisâtres et "en carte de
géographie", alors qu'ils ressemblent à de petits flocons de lait chez la
dangereuse Amanite panthère. Mais le caractère indubitable pour reconnaître la
Golmotte, c'est bien le rosissement de sa chair à l'air, et les traces lie-de-vin
dans toutes ses parties meurtries ou simplement froissées.
Toxique crue, comestible cuite (mais à ne pas confondre avec l'Amanite
panthère), la Golmotte déploie un vaste panorama temporel – du printemps à
l'hiver – et spatial : de la plaine à la montagne, sur tous les sols, sous
feuillus et sous conifères.
Note :
La Golmotte et l'Amanite panthère affichent
visuellement une double opposition, que l'on pourrait traduire par l'inéquation
suivante :
strié + lisse ≠ lisse + striée
Golmotte : anneau strié, marge du chapeau lisse
Amanite panthère : anneau lisse, marge striée
... à laquelle s'ajoute le paramètre de
l'amyloïdité des spores (spores se colorant en gris-bleu, bleu-noir en présence
d'un réactif iodé) :
strié + lisse + amyloïde ≠ lisse + sriée + non
amyloïde
Henri Romagnesi nous faisait remarquer, lors de
sorties mycologiques, que les amanites à marge striée ont des spores non
amyloïdes, et qu'inversement celles à marge lisse ont des spores amyloïdes.
Après vérification dans la monographie de Pierre Neville & Serge Poumarat : AMANITEAE, Fungi Europaei 9, 2004, il s'avère qu'une seule amanite ne répond pas à cette dialectique "striée-non amyloïde", "lisse-amyloïde". Il s'agit de l'Amanite des dunes : Amanita dunensis (proche de la phalloïde), à marge striée et spores amyloïdes.
Chronique Echo du Berry du
19 novembre 2009
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