Archives Fonge et Florule

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La Golmotte

La Golmotte


Photo Yvan Bernaer

 

Si l'on considère que le degré d'évolution d'un champignon se mesure à la performance, au raffinement et à la protection de son organe reproducteur... les amanites sont alors au rang des élues.

Leurs lames tapissées de spores sont nombreuses et minces, et protégées par deux voiles : le voile général ou universel – sorte de coquille molle qui enveloppe complètement le "champignon bébé" – et le voile partiel ou hyménial, qui deviendra l'anneau.

Chez la Golmotte ou Amanite vineuse : Amanita rubescens Persoon : Fries, l'anneau est une ample jupe plissée ; le voile général, friable, se résout en plaques membraneuses labiles, fines ou larges, blanchâtres à jaunâtres, ne laissant rien à la base du pied, qui est en toupie.

Les restes de voile sur le chapeau – que je nommerais volontiers reliefs de voile (par analogie à "reliefs d'un repas"), vestiges ou reliques vélaires... plutôt que verrues ou écailles, sont primordiaux dans la reconnaissance des amanites. Par exemple, chez l'Amanite épaisse, ils sont grisâtres et "en carte de géographie", alors qu'ils ressemblent à de petits flocons de lait chez la dangereuse Amanite panthère. Mais le caractère indubitable pour reconnaître la Golmotte, c'est bien le rosissement de sa chair à l'air, et les traces lie-de-vin dans toutes ses parties meurtries ou simplement froissées.
Toxique crue, comestible cuite (mais à ne pas confondre avec l'Amanite panthère), la Golmotte déploie un vaste panorama temporel – du printemps à l'hiver – et spatial : de la plaine à la montagne, sur tous les sols, sous feuillus et sous conifères.

 

Note :

La Golmotte et l'Amanite panthère affichent visuellement une double opposition, que l'on pourrait traduire par l'inéquation suivante :

strié + lisse ≠ lisse + striée

Golmotte : anneau strié, marge du chapeau lisse

Amanite panthère : anneau lisse, marge striée

... à laquelle s'ajoute le paramètre de l'amyloïdité des spores (spores se colorant en gris-bleu, bleu-noir en présence d'un réactif iodé) :

strié + lisse + amyloïde ≠ lisse + sriée + non amyloïde

Henri Romagnesi nous faisait remarquer, lors de sorties mycologiques, que les amanites à marge striée ont des spores non amyloïdes, et qu'inversement celles à marge lisse ont des spores amyloïdes.

Après vérification dans la monographie de Pierre Neville & Serge Poumarat : AMANITEAE, Fungi Europaei 9, 2004, il s'avère qu'une seule amanite ne répond pas à cette dialectique "striée-non amyloïde", "lisse-amyloïde". Il s'agit de l'Amanite des dunes : Amanita dunensis (proche de la phalloïde), à marge striée et spores amyloïdes.



 

Chronique Echo du Berry du 19 novembre 2009



22/11/2009
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