La Laîche des sylves
Elle est toute finesse. Tout élégance.
Son utricule – ce vase au long col et d'étroite embouchure – me propulse spontanément dans la fable de Jean de la Fontaine : Le Renard et la Cigogne – où seule la Cigogne, au long bec emmanché d'un long cou, poupée gigogne de la jarre, accède au dîner cuit à point.
Ses longs pédoncules capillaires se préparent à pencher, à osciller, à se balancer sous le poids plume de ses épis femelles grêles et élancés. Son unique épi mâle prolonge la cime de la tige en une mince flamme rousse. Et ses feuilles, longues et larges, molles, retombent en gerbe souple d'un vert joyeux.
La Laîche des sylves est aussi, botaniquement parlant, Carex sylvatica Hudson. Dans sa Flore des Carex*, Gérard Duhamel dessine les caractères nous conduisant vers cette espèce : un seul épi mâle, plusieurs longs épis femelles verts, pendants à maturité, à fleurs lâches et nombreuses, à utricules glabres pourvus de trois stigmates (ces petits tentacules violacés, visibles sur la photo).
La Laîche des sylves se plaît beaucoup dans les bois marneux du Berry. Elle pousse la coquetterie jusqu'à porter la broche petite araignée verte, assortie à sa parure.
(26 avril 2012)
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