La Lathrée écailleuse
La lathrée et le protée
Vraiment très étrange... cette plante des sous-bois
humides de Chabenet...
Sa blancheur, son rose de chair, sa turgescence molle,
atone, informe...
Surgit soudain une émotion d'enfance : le protée
anguillard du Vivarium du Jardin des Plantes de Paris ! Même blancheur
diaphane, même morceau de chair amorphe au fond de l'eau.
L'analogie m'enivre : deux êtres de chair rose à
l'érotisme inouï !
Le protée anguillard est ce batracien
cavernicole qui vit dans les eaux sombres et souterraines de Slovénie. Il doit
son nom à une divinité grecque de la mer : Prôteus, capable de se
métamorphoser et de prendre des formes variées.
La lathrée écailleuse : Lathraea
squamaria Linné, est cette plante parasite rare, qui croît çà et là
sous divers feuillus. Sa tige souterraine rameuse est garnie d'écailles
blanches charnues – et c'est cette tendresse à n'en point douter qui insuffla
au grand Linné de l'appeler "squamaria" plutôt que "squarrosa"
: "dure et très écailleuse".
"Lathraea" vient du grec "lathraia" : cachée... autre analogie entre la lathrée et le protée... à laquelle s'en ajoute encore une : leur propension à noircir. Le protée devient gris puis noir dès qu'il sort de l'obscurité... pendant que la lathrée s'enténèbre en vieillissant.
Note :
Photos prises le 8 avril 2009 à Chabenet (Indre), près
du Pont de Bois, dans un sous-bois humide ; trois stations, sous ormes et sous
charmes.
Autres observations à Châteaubrun (Indre).
Chronique Echo du Berry du 16 avril 2009
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