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La massette à feuilles larges

Photo Yvan Bernaer

Rêves de velours, dérives veloutées, brunes et chaudes velvétines... rêves de moelleuse douceur : rien d'étonnant à ce que l'homme ait nourri la chimère de fabriquer du velours avec la massette à feuilles larges : Typha latifolia Linné... mais en vain ! Il s'est alors rattrapé en bourrant matelas et coussins avec les millions de minuscules fruits plumeux qui dégorgent des spadices matures... passe-temps qui contribua peut-être à la formation du mot « typha », issu du même phylum que « tuméfier ».

Les noms populaires de la plante, comme à l'accoutumée, ne manquent pas d'éloquence. Ils expriment tantôt sa forme et son aspect : massette, quenouille, masse-à-bedeau, queue-de-renard, cat's tail (queue de chat), mazza-da-pazzi (gourdin de la folie), tantôt sa ressemblance (et sa confusion !) avec les joncs et les roseaux : canne-de-jonc, roseau-des-étangs, roseau-de-la Passion, tantôt son utilisation : matelasse.

Un autre nom de la massette demeure cependant un mystère : canepetière. Qu'a à voir notre plante aquatique avec l'outarde canepetière, hôte des champs et des prés ? A moins que... avec un brin d'étymologie... et beaucoup d'imagination : « canepetière* » pourrait venir de « pétrir » : quand le mâle de l'outarde trépigne sur place au moment du chant... il a l'air de « pétrir la terre » ! Et notre massette ne ressemble-t-elle pas à un rouleau à pâtisserie... prête à pétrir la pâte ?

La massette à feuilles larges est présente partout en Indre, dans les étangs, les mares, les fossés inondés et les rivières. C'est par ses feuilles larges et glaucescentes, ses épis mâle et femelle contigus, qu'elle se démarque de l'autre massette indrienne : Typha angustifolia Linné, moins robuste, à feuilles étroites et vert franc, à épis mâle et femelle nettement séparés.

* Lecture : « Les oiseaux des plaines cultivées du Boischaut-nord », par Jean Eldin, édition Indre Nature, Parc Balsan à Châteauroux.

Chronique NR du 15 novembre 2007