La mortelle flamme verte
Je n'aime guère prendre le ton d'un moraliste. Mais le danger de l'Amanite phalloïde est si peu connu, et les risques courus par celui qui s'égarerait à la consommer sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma réserve ! Je dis : « Ramasseurs de champignons ! Faites attention à l'Amanite phalloïde ! ».
L' Amanite phalloïde est partout en ce moment. Elle enflamme les bois de feuillus et même de conifères, les clairières et les lisières de ses teintes vert olive, jaune verdâtre, brun verdâtre, brun-gris plomb, noir olivâtre. À cette palette impressionnante, ajoutons-y les couleurs pâles : les jaunâtres et même le blanc dans la variété alba.
Elle est le champignon qu'il faut connaître avant tous les autres, car responsable de plus de 95 % des intoxications mortelles en France. Le caractère essentiel à observer est la volve blanche en sac à la base du pied – visible seulement si le champignon n'est pas coupé, mais dégagé délicatement. L'anneau, mince et membraneux, peut disparaître complètement. Dans sa remarquable monographie sur l'Amanite phalloïde : Amanita phalloides (Fries) Link, Michel Botineau fait mention de certains détails macabres qui auraient de quoi faire réfléchir plus d'un ramasseur imprudent. Tel ce passage :
Il est possible d'observer les effets de l'Amanite phalloïde sur l'organisme humain en allant visiter la crypte de la basilique Saint-Michel de Bordeaux, où sont conservés un certain nombre de cadavres momifiés du XVe siècle. Parmi ceux-ci, on remarque le groupe d'une « famille empoisonnée par les champignons », marquée à jamais par les contorsions provoquées par la douleur.
(8 novembre 2012)
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