La noire exidie
La noire exidie
Dans
l'épreuve (dans les temps très anciens), Nimrod traversa les ténèbres : son
épée était noire, son arc était noir, ses flèches étaient noires, sa trompette
de chasse était noire comme la nuit, son cheval était noir, bien entendu, mais tous
les harnais , les éperons, les étriers étaient également noirs ; tous ses pas
étaient noirs, et ses clameurs étaient éperdument noires ; la lumière même
était noire dans son principe : elle ne pouvait éclairer qu'un monde noir, et
le sang de ses ennemis que Nimrod répandait était strictement noir.
Jean
Giono, "De certains parfums"
Si le noir absolu régna aux temps très anciens de
Nimrod, il devint couleur rare et ponctuelle dans la nature.
Qui peut se gargariser "d'être éperdument
noir" aujourd'hui ? ... sinon les corneilles, quelques petits
carabiques... et notre tremblotante exidie tronquée : Exidia truncata
Fries. Son noir est si suave qu'il invite à la caresse, si profond qu'il
paraît sans fond.
Le dessous, creusé de dépressions alvéolaires, est injecté
de la même encre de Chine que le sont les chapeaux – qui rappellent le voile de
crêpe noir des femmes endeuillées.
L'exidie tronquée, fixée par un seule point d'attache
sur la branche de chêne, pourrait être confondue, jeune, avec la salissante Bulgaria
inquinans et, vieille, avec la glanduleuse exidie glanduleuse,
étalée sur son support.
D'autres champignons incarnent les ténèbres : Agrocybe
erebia (du grec "erebos" : obscurité, enfer), et les
Nyctalis (de "nuktos" : nuit) – champignons parasites qui
poussent sur les russules noircissantes.
Chronique Echo du Berry du
7 mars 2009
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