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Photo d'Yvan Bernaer

Il y a trois ciguës : la Petite, la Grande et la vireuse.

Le mot ciguë, à la fois énigmatique et très beau, se rapproche du mot aigu – et surtout de son féminin aiguë, qui porte ce rare et seul signe calligraphique de la langue française : le tréma. Se rapproche du mot aiguë, disions-nous, par sa sonorité certes, mais aussi par son sens : les ciguës ne sont-elles pas des plantes particulièrement aiguës par la virulence de leur toxicité !

Leur nom vient de l'ancien français cëue, lui-même issu de latin cicuta – dont seule la Ciguë vireuse conserve le nom générique : Cicuta virosa. La Grande ciguë se fait appeler Conium maculatum, et notre Petite ciguë Aethusa cynapium Linné. Aethusa descend vraisemblablement du grec aithô : brûler – en référence aux propriétés vénéneuses de la plante. L'épithète cynapium, quant à elle, est l'assemblage du grec kuôn : chien, et du latin apium : ache, persil... ce faux-persil étant tout juste bon à empoisonner les chiens ...et les hommes !

La Petite ciguë pousse volontiers dans les villes (celle de la chronique a élu domicile à Châteauroux, dans ce petit conservatoire botanique qu'est la venelle qui relie la rue de la République à la rue Jean-Jacques Rousseau), dans les villages et dans les jardins – où elle peut alors être confondue avec le persil commun. Les différences résident essentiellement en ses ombellules dotées de longues bractéoles spatuliformes, déjetées vers l'extérieur (bien visibles sur la photo), en ses petits fruits arrondis et verts, sillonnés de côtes épaisses et proéminentes, et en son feuillage vert sombre qui dégage une odeur fétide au froissement.

Si malgré tous ces caractères vous vous posez encore la sempiternelle question : comment faire pour ne pas confondre le persil et la Petite ciguë ?... eh bien semez du persil frisé !

- Et pour le cerfeuil ?

- Alors, pas d'échappatoire possible : il faut passer par les caractères botaniques !

(22 août 2013)