La Petite éragrostide
La Petite éragrostide se plait dans l'espace urbain. Sa frugalité lui permet de vivre parfois misérablement dans les moindres interstices du pavé ou du caniveau. En Europe, elle est la plus commune des Éragrostides. Native de ce continent, ses grandes capacités d'expansion lui ont permis, à travers l'influence humaine, de devenir subcosmopolite.
L'affection non voilée de Robert Portal pour cette petite Graminée évoque celle qu'il éprouve à l'égard du Pâturin annuel qui, lui aussi, colonise le pavé des trottoirs et fait montre d'un pouvoir d'adaptation exceptionnel : il fleurit toute l'année... et résiste même aux désherbants !
La Petite éragrostide : Eragrostis minor Host, est une des rares autochtones européennes1 parmi toutes ses soeurs venues d'Asie, d'Afrique, d'Amérique, d'Australie et d'Océanie. Robert Portal s'est penché sur ces Graminées oubliées, délaissées – mais de plus en plus importantes, car venant d'ailleurs – en une somptueuse monographie2 qui passe en revue quelque 90 espèces, au peigne fin, au ciseau de la science et du langage. La géométrie et la mathématique de haute précision y sont au rendez-vous, mais les clés de détermination, aussi ramifiées soient-elles, deviennent limpides sous la plume de l'ingénieur-architecte-dessinateur de génie.
La Petite éragrostide se reconnaît immédiatement sur le terrain par sa forte odeur d'encre3 au froissement. Elle tient son nom4 générique du grec erôs : amour et agrostis : herbe des champs : ses épillets en peau de serpent ressemblent quelque peu à ceux de l'Amourette...
(30 août 2012)
3Après l'odeur, le principal indicateur de reconnaissance d'Eragrostis minor est la bordure du limbe des feuilles couverte d'un chapelet de glandes cratériformes. Eragrostis cilianensis, présent aussi en Berry mais beaucoup plus rare, est également pourvu de glandes cratériformes sur le bord des limbes. Voici les principaux caractères discriminants entre ces deux espèces :
Eragrostis minor : épillets plus étroits, violacés ; glume supérieure à 1 nervure, caryopse ovale ;
Eragrostis cilianensis : épillets plus larges, de couleur terme, comme délavée ; glume supérieure à 3 nervures, caryopse rond.
4Le nom Eragrostis aurait été utilisé pour la première fois par Bauhin dans les années 1620. C'est cependant à Linné que nous devons la création officielle du mot eragrostis – mais utilisé alors comme épithète dans les genres Briza : Briza eragrostis, et Poa : Poa eragrostis, appelés respectivement de nos jours Eragrostis cilianensis et Eragrostis minor.
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