La Russule ocre et blanche
La Russule ocre et blanche
Le contraste réveille l'oeil paresseux, l'oeil endormi par les teintes mêlées, fondues et uniformes. Le contraste intrigue, interroge, ravit.
Le mycologue Persoon l'a compris. Devant cette russule à chapeau ocre, tranchant avec le blanc des lames et du pied, il n'a pas hésité : il l'a nommée Russule ocre et blanche – sûr de la reconnaître au premier coup d'oeil, averti par le jet ocre et blanc comme par un clignotement.
Curieusement, une russule du même groupe se livre aussi facilement à la détermination, et ce pour des raisons opposées : la Russule de fiel, toute baignée dans une couleur de miel.
On les rencontre souvent ensemble, dans les hêtraies du Berry, et alors le mycologue s'en donne à coeur joie, lance son cri de coq : Russula ochroleuca Persoon !... Russula fellea !...
On peut dire, sans exagérer, que ces deux russules sont thérapeutiques : elles apportent un défoulement salutaire au mycologue régulièrement perdu dans le labyrinthe des russules. Et il faut le voir s'égayer... en rajouter : "la Russule de fiel sent la compote de pomme... la Russule ocre et blanche est inodore, mais sa jambe grisonne..."
Toutes deux sont âcres... mais non ingrates !
Note :
Si elles ne sont pas ingrates envers le mycologue, la Russule ocre et blanche et la Russule de fiel se rangent cependant parmi les Russules ingrates, auprès d'autres russules jaunes ou grises, telles Russula foetens, pectinata, farinipes, laurocerasi, etc.
Toutes ont en commun d'être de couleur terne, de saveur ou d'odeur désagréable, de sporée blanche à crème.
Chronique Echo du Berry du 4 octobre 2010
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