La Russule sanguine
Avec le rouge, on ne fait pas vraiment dans la nuance. Contrairement à ce timoré de bleu, le rouge, lui, est une couleur orgueilleuse, pétrie d'ambition et assoiffée de pouvoir, une couleur qui veut se faire voir et qui est bien décidée à en imposer à toutes les autres.
Michel Pastoureau, Dominique Simonnet, Couleurs, Le Grand Livre
Avec son chapeau rouge pétant, viscidule et brillant, la Russule sanguine mêle sa voix insolente aux joyeux rouges de l'automne : baies écarlates, hygrocybes coccinés, russules émétiques, amanites tue-mouches...
Elle assène par touches ce rouge si nécessaire au psychisme humain, fouette le sang et vermillonne l'âme, la bouscule d'une audace à réveiller les morts au seuil du sommeil hiémale.
La Russule sanguine : Russula sanguinea* Fries, rubis à lames décurrentes crème, à pied rose, à chair blanche et ferme, à odeur fruitée et saveur piquante, ne trône dans sa superbe que durant quelques jours : son chapeau a tôt fait de se décolorer en rosâtre et blanchâtre, ses lames, sa chair et son pied de se brouiller d'ochracé.
La Russule sanguine se plaît énormément dans les bois de pins, mais ne dédaigne guère les autres conifères.
(30 octobre 2014)
* Il existe de nombreuses autres russules rouge vif. Comme à l'accoutumée, pour s'y retrouver un tant soit peu dans ce genre, il conviendra de goûter la chair (en recrachant), d'appréhender soigneusement la couleur des lames à maturité, d'utiliser quelques réactifs chimiques et de noter l'écologie.
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