La Russule "sardoine"
La Russule "sardoine"
Le joli nom de cette russule allume spontanément en nous l'image de la sardoine – cette pierre fine qui oscille entre le brun clair et le brun foncé.
Mais notre russule, typiquement violet sombre à rouge noirâtre, se montre rarement teintée de brunâtre, et il semble fort improbable que le mycologue suédois Elias Magnus Fries la nommât en pensant à la pierre. Rabattons-nous alors sur la Sardonie : herba sardonia, l'herbe de Sardaigne – cette renoncule toxique dont l'ingestion provoque la contraction des muscles de la face... et fait apparaître le rire sardonique – celui-là même que le mycologue contracte quand il croque dans la russule et en ressent toute l'acerbe âcreté.
Notons au passage que le rire sardonique, occasionné par l'herbe sarde ou par la Russule « sardoine », a la même origine physique que le spasme cynique – terme médical emprunté au chien (kuôn en grec)... dont le perpétuel et drôle de sourire (sardonique !) est dû à ses muscles faciaux spécifiques.
En regard de ces considérations étymologiques, c'est improprement que Russula sardonia* Fries est traduite par Russule sardoine. Elle devrait s'appeler Russule sardonique... à condition de lui prêter les intentions de ses effets.
Russula sardonia se rencontre en Berry dans les pinèdes siliceuses. Son chapeau et son pied, l'un comme l'autre saturés de pourpre et de violet, contrastent joliment avec le jaune citrin des lames.
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