Archives Fonge et Florule

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La Scolopendre

La Scolopendre


Photo Yvan Bernaer

 

La Scolopendre ou Langue-de-cerf est une étonnante fougère qui fréquente les creusets boisés calcaires du Berry, sur les pentes nord, dans les chemins creux, les long des ruisseaux, sur les vieux murs, voire dans les puits – là où l'ombre et l'humidité sont de mise et dispensent leurs bienfaits sans discontinuer.

De tels creusets existent dans les bois moussus de Fontgombault (photo), en bas des pentes à orchidées de la commune de Rives, à proximité du Pont de Bois de Chabenet, dans les suintements boisés du Moulin de Châteaubrun...

Notre fougère emprunte son nom au Mille-pattes : le Scolopendre¹ – mot qui désignait un "serpent fabuleux" sous la plume de Rabelais.

Quand on retourne la fronde d'une Scolopendre officinale et qu'elle nous apparaît avec ses sores² linéaires et roux, telles les rangées de pattes d'un Mille-pattes... la ressemblance est alors saisissante et justifie amplement le glissement du nom de l'arthropode vers celui de la plante.

Notre fougère : Phyllitis scolopendrium (Linné) Newman, forme d'ondulantes touffes. Et c'est toujours une belle émotion – comparable à celle de la vue d'un cerf en forêt – que d'être surpris par ses longues langues vertes et luisantes, crispées-tortueuses, qui jaillissent d'une ruine perdue au milieu d'un bois.

 

Notes :

1 – Malgré la convergence de forme – et même de sens – le mot « scolopendre » (du grec « skolopendrion ») ne présente aucune parenté avec le grec « skolios » : oblique, tortueux, d'où naquirent les mots « scoliose » et « scolie » : chanson de table dans l'Antiquité grecque, que les convives chantaient l'un après l'autre, dans un ordre irrégulier, en se passant une branche de myrte.

2 – Les fougères sont des cryptogames (du grec "kruptos" : caché, et "gamos" : noces), c'est-à-dire des plantes dépourvues de fleurs. Elles se reproduisent par des spores, groupées en sporanges, eux-mêmes réunis en sores (du grec "sôros" : tas), visibles à la face inférieure des feuilles ou frondes.

 

Chronique Echo du Berry du 6 mai 2010



09/05/2010
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