La sétaire verticillée
La sétaire verticillée
Photo Yvan Bernaer
Impitoyablement armée de soies à denticules rétrorses (tournés vers le bas), la sétaire verticillée raye, griffe et écorche à jamais nos rêves de douillette douceur générés par la soie.
C'est que le mot « soie », du latin « saeta », revêt deux sens antinomiques, radicalement opposés : celui de « poil long et rude » (à l'origine), et celui de matière textile fabriquée grâce aux vers à soie. Passer de l'un à l'autre des signifiés nécessita moult glissements de sens, de la soie du porc au poil « long et doux » du chien, en passant par le crin de cheval, et des sécrétions filiformes du ver... au foulard en soie.
Le sens moderne du mot incline amplement vers la « soie matière ». Mais il perdure dans son acception de « poil rude », pour les suidés, et dans ses appropriations botaniques et mycologiques . En ce qui concerne les plantes, une soie désigne, entre autres, un poil long et raide, tel celui dardé par notre graminée. Dans le domaine des champignons, notamment chez les Phellinus, elle se synonymise avec le mot « spinule » : petite épine, et atteint alors à son paroxysme de corps dur, piquant et griffant.
Trois sétaires prospèrent dans le département de l'Indre, toutes adventices des terrains cultivés , souvent sablonneux : notre sétaire verticillée : Setaria verticillata (L.) P.B., la sétaire verte : Setaria viridis (L.) P.B., et la sétaire glauque : Setaria pumila (Poiret) Schultes. Ces deux dernières, à denticules tournés vers le haut, sont lisses et n'accrochent pas.
Voyez la mouche-scorpion posée sur la sétaire verticillée. Que l'on ne s'y trompe pas : de l'insecte ou de la plante, c'est la plante qui s'agrippe à moi...et me pique à travers les chaussettes !
Chronique NR du 30 août 2007
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