La trompette des morts
La trompette des morts
« Quel nom sinistre et quelle livrée funèbre ! »
Promenades mycologiques, Marcelle Le Gal, 1957
La trompette des morts, ou de la mort, illustre à merveille le seul dicton vrai pour les champignons : « L'habit ne fait pas le moine. »
Ni son noir, bistre sombre, gris brunâtre, brun enfumé, noir ardoisé, parfois touché de verdâtre olivacé, ni son aspect flétri, ni même son nom en effet ne signent une quelconque toxicité : la trompette des morts est au contraire un comestible des plus recherchés, qui a réussi le tour de force d'annihiler et d'inverser les peurs irrationnelles autour de sa couleur et de son nom.
Son appellation populaire de « trompette des morts », elle la doit tout simplement à la période de sa poussée optimale : la Toussaint, le jour de la fête des morts. Quant à son binôme latin, qui sort et monte comme le son d'une trompette : Craterellus cornucopioides (Linné : Fries) Persoon, elle l'a hérité de son chapeau creusé en cratère et de l'analogie de forme – et d'abondance ! – avec une corne d'abondance.
La trompette de la mort ne peut être confondue qu'avec deux espèces voisines, tout aussi comestibles : la pseudocraterelle sinueuse, à tonalités rougeâtres, à marge ondulée-frisée, à hyménium ridé-veiné, blanchâtre à gris-beige, et la chanterelle cendrée, de couleur affine à celle de la trompette, mais à dessous du chapeau orné de plis lamelliformes – alors que chez notre champignon elle « n'est qu'anarchiquement rugueuse, ou tout au plus à veines vaguement radiales » (dixit Henri Romagnesi).
La trompette des morts aime les bois de feuillus frais et humides, où elle déploie ses troupes sur les mousses verdorées et dans les litières de feuilles mortes.
Chronique NR du 1 novembre 2007
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