La violette hérissée
La violette hérissée
Les botanistes n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour parler du poil chez les plantes ! Pour exemple, notre violette hérissée... qui nous semble bien glabre et bien douce – et d'ailleurs, n'est-ce point un crime de lèse-sensualité que d'imaginer une violette velue comme un ours, hérissée comme un hérisson ?
Mais ils n'ont pas tout à fait tort, les botanistes, car tout est une question d'échelle. Le monde du minuscule nous réserve bien des surprises et, à l'instar des scorpions et pseudoscorpions du terreau qui ressemblent à des monstres préhistoriques sous la loupe, harnachés de leurs énormes pinces et pattes-mâchoires, le pétiole et le dessous des feuilles de notre violette s'arment de lignes de lances acérées.
Violettes et pensées appartiennent au même genre botanique Viola*. Notre violette hérissée : Viola hirta Linné, outre sa pilosité, se singularise par son absence d'odeur, sa souche écailleuse et comme articulée dépourvue de rejets rampants, et son habitat dans les haies et bois calcaires. Dans l'Indre, elle est une compagne idéale de l'hellébore fétide. La violette odorante lui ressemble beaucoup. Mais cette dernière exhale sa bénéolence bien connue, développe de longs rejets florifères à partir de sa souche écailleuse, aime les bois et les prés frais.
Notre violette hérissée... n'est-ce point aussi cette courbure impeccable du pédoncule, bandé tel un arc dont la flèche serait la fleur et son éperon !
Chronique NR du 13 mars 2008
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