Lactarius necator
Photo Richard Bernaer
Ce lactaire fut nommé sous le signe d'une diabolique trinité : la turpitude, le meurtre et le plomb.
Tour à tour qualifié de turpis : laid, honteux, vil, répugnant, de plumbeus : couleur de plomb, son nom actuel est celui de Lactarius necator (Bulliard : Fries) Persoon : Lactaire meurtrier. L'origine de ces appellations terribles* semble essentiellement reposer sur son aspect... en apparence peu engageant.
Son chapeau est d'une incroyable couleur : d'un vert olive bronze brouillé de jaune (à la marge) et de brun fangeux, enténébré de frisotis noirâtres, le tout enfermé dans un magma visqueux qui nous aspire comme le tourbillon infernal d'une eau sombre ; une sorte de négatif du brun olivacé sordide du Paxille enroulé, où la domination brun sale cède la place à l'olivâtre. Le pied est de couleur affine. Les lames, blanc crème touché de glauque, maculées de bistre obscur, emperlées de grosses gouttes de lait blanc, créent d'abord quelque contraste avant de se fondre dans la tonalité générale.
Couleur en apparence peu engageante... et pourtant, à force de perception aiguë, attentionnée et répétée, d'observation rêveuse... s'inversant en une couleur unique, envoûtante et magnifique !
Les Lactarius necator de la photo ont élu domicile sous un bouleau (leur arbre de prédilection), au bord de l'Étang de Bellebouche, en Brenne.
(21 novembre 2013)
* La chair se salissant de brunâtre, le lait virant au jaune verdâtre en séchant sur les lames, d'abord doux puis très âcre, devenant violet à la potasse, sont quelques autres caractères susceptibles d'avoir engendrés ces noms .
Pierre Roux et Guillaume Eyssartier mentionnent la présence d'une substance cancérigène : la nécatorine, contenue dans ce lactaire (in Le guide des champignons, France et Europe). Mais cette substance ne fut découverte que récemment... bien longtemps après les diverses nomination de notre champignon.
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