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Le Bolet Satan

Photo Yvan Bernaer

"– Ces Bolets, ils ne vous disent rien ?

 – Avec leur chapeau bosselé, couleur de pierre à fusil, je les prenais de loin pour de gros silex...

 – Ils sont d'un blanc-gris livide, nuancé de verdâtre.

– Je distingue maintenant leur hyménium rouge sang et leur gros pied court, renflé, à réseau écarlate.
    Comme ils sont beaux !

– Je vous présente le Satan ! (Boletus satanas Lenz)."                

"Promenades mycologiques", Marcelle Le Gal, 1957.

En résonance à ce dialogue imagé des délicieuses "Promenades mycologiques" de Marcelle Le Gal, interrogeons deux autres grands mycologues lettrés sur le Bolet Satan :

Henri Romagnesi lui trouve un "chapeau primitivement blanc, blanc cendré, blanc gris, gris verdâtre très pâle, puis se salissant de brunâtre olivacé et d'aspect très sordide"... pendant qu'André Marchand le qualifie de " blanchâtre sale, gris livide à mastic nuancé de jaune verdâtre"...

Le Bolet Satan¹ ou cèpe diabolique aime la terre chaude des bois de feuillus calcaires de fin d'été, à l'instar des gros bolets Luridi dont il est un des chefs de file. D'autres fabuleux champignons affectionnent cet habitat : les mirifiques cortinaires Phlegmacium !

Pourquoi les feuillus calcaires thermophiles produisent-ils les plus beaux champignons qui soient ?  Énigme en suspens... comme celle de la "petite fleur pourpre² de la carotte sauvage"...

Blanc, rouge, rondouillard... le Bolet Satan pointe le nez en ce moment. Il se plaît en Forêt de Laleuf, de Châteauroux, dans le Bois-du-Roi près d'Issoudun, et surtout... dans le Bois-du-Cloître de l'Abbaye de Fontgombault !

Notes :

1 – Le Bolet Satan a un chapeau dépourvu de toute nuance rouge ou même rosâtre, et ses pores sont jaunes dans la prime jeunesse, avant de rougir ensuite. Il est très toxique : la simple ingestion d'un morceau de ce champignon cru déclenche d'incoercibles vomissements.

2 – Voir chronique du 17 septembre 2009.

Chronique Echo du Berry du 1 octobre 2009