Le Carex patte-de-lièvre
Le Carex patte-de-lièvre
La patte de lièvre et la queue de lièvre – douces,
rousses, mignonnes – chatouillèrent les botanistes et les mycologues dans les
replis de leur affectif enfantin, dans leur besoin de doudoune et de peluche.
Ainsi baptisèrent-ils plantes et champignons – évoquant de près ou de loin ces
appendices par leur forme, leur couleur ou leur douceur – du nom de notre
splendide coureur des champs. Et pour ce, ils puisèrent dans la racine grecque "lagos"
et dans les mots latins "lagus, lepus, leporis", désignant le
lièvre.
Notre petit carex : Carex leporina Linné,
porte bien son nom : ses replets épis ovoïdes, agglomérés dans le haut,
légèrement écartés à la base, miment à merveille une patte de lièvre. Et
pensons aussi à cette "graminée pompon" des dunes de bords de mer :
Lagurus ovatus, bien connue des fleuristes, qui suggère joliment une queue
de lièvre. Et à Carex lagopina, Plantago et Trifolium lagopus,
à Lagoseris sancta (une crépide), à la Lagoci faux-cumin, une
Ombellifères méditerranéenne atypique, à
fleurs réunies en tête globuleuse...
Les champignons ne sont pas en reste : Coprinus
lagopus et lagopides, Marasmius lagopinus, Hygrophorus
et Inonotus leporinus, Otidea leporina
(l'Oreille-de-lièvre)... rappellent notre capucin. N'oublions pas les animaux :
les lagopèdes, à pattes "velues comme celles des lièvres" (Pline),
les lagotriches, ces singes laineux d'Amérique du Sud, les lagostis, ces petits
mammifères proches des chinchillas, le Lemming des steppes : Lagurus
lagurus, le Lièvre des Pampas (le Mara), le Lièvre doré (l'Agouti), le
Lagostrophe, une sorte de « kangourou-lièvre » d'Australie, le Lompe
ou Lièvre de mer, un poisson de l'Atlantique, le Léporin, un poisson téléostéen
des fleuves de l'Amérique du Sud... ainsi que le Léporide : chimérique hybride
du lièvre et du lapin...
et auxquels nous pourrions ajouter la constellation du
lièvre, située juste en dessous d'Orion.
Note :
Carex
leporina = C. ovalis, est un carex à épis en apparence tous semblables,
bisexués (Vignea), à fleurs mâles situées à la base des épis supérieurs. Son
inflorescence est composée en général de 5 épis ovoïdes, d'un beau vert bronze
; ses utricules, à long bec conique, à 2 stigmates, sont bordés d'une aile
denticulée. Il est commun dans les prairies humides du Berry.
Chronique Echo du Berry du 10 juin 2010
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