Archives Fonge et Florule

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Le cèpe d'été

Le cèpe d'été

 

 

Photo Yvan Bernaer

 

Dernières ardeurs d'un soleil de septembre, craquelure des vases noires de la mare, des chairs blanches du cèpe d'été sous sa rousse cuticule.

Des cinq cèpes, il est le seul à se livrer, sous les banderilles de l'astre diurne, à de pareilles contorsions, excoriations, déchirures.

D'autres bolets ont une propension à la craquelure et affichent volontiers, par temps sec, ce que les mycologues appellent un chapeau « tesselé » : le petit bolet à chair jaune1, qui se fendille en veines rouges, ses voisins les bolets « lion »2 et « abricot »3, et surtout nombre de raboteux, dont les Leccinum « à pied jaune »4, « des charmes »5 et « de Corse »6...

« Tesselé » vient du latin « tessela » : petite pièce carrée, carreau, ou cube pour les ouvrages de marqueterie, de mosaïque.

En mycologie, ce mot qualifie un chapeau craquelé, crevassé en damier plus ou moins régulier.

« Tesselé » et « craquelé » se veulent synonymes... mais la douceur phonétique du premier incline vers un sens atténué, sans déchirure ni relief, qui s'oppose aux sonorités rêches et accrochantes du second, lequel entraîne à sa suite « crevasse, engelure, gerçure, rhagade ».

Boletus aestivalis (Paulet) Fries, notre cèpe d'été, naquit bel et bien sous le signe de la craquelure. Ses chairs exultent de bourrelets intégralement blancs, sans trace de cette décoloration rousse si typique chez son sosie le cèpe de Bordeaux... qui ne pointe guère encore le nez.

 

Notes :

1 -Xerocomus chrysenteron (Bulliard) Quélet

2 -Xerocomus leonis (Reid) Bon

3 -Xerocomus armeniacus (Quélet) Quélet

4 -Leccinum crocipodium (Letellier) Watling

5 -Leccinum carpini (Schulzer) Moser ex Reid

6 -Leccinum corsicum (Rolland) Singer

 

Chronique NR du 27 septembre 2007

 

 



18/10/2007
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