Le cerfeuil-des-fous
Le cerfeuil-des-fous
Photo Yvan Bernaer
Ombelles épanouies : dentelle éparse, flottant sur le vert sombre des feuilles ; ombelles immatures : d'un blanc qui n'est pas encore né, nutantes, lovées en position foetale ; tiges au contraste inouï, violet pourpre ou maculées de cette teinte, offrant une pilosité rude et argentée, comme éternellement à contre-soleil. Le cerfeuil-des-fous est à mille lieues des débauches spumeuses de l'anthrisque sauvage !
Les deux plantes sont cependant très proches. Le cerfeuil-des-fous ou cerfeuil penché : Chaerophyllum temulentum Linné, se démarque par sa tige pleine, ses fruits dépourvus de bec, rougeâtres à maturité, et par ses pétales profondément bifides, formant deux charmantes oreillettes.
Une troisième ombellifère de l'ormaie rudérale : Torilis japonica (Houttuyn) DC., se greffe à la ressemblance. Fort heureusement, elle sort immédiatement du rang par ses fruits tapissés d'aiguillons.
Le cerfeuil-des-fous tient son nom vernaculaire et son épithète spécifique « temulentum » de ses propriétés enivrantes – dues à un alcaloïde : la chaerophylline, qui rend aussi la plante très toxique. Son nom générique dérive du grec « chaïron » : joyeux, et « phyllon » : feuille – étymologie non appropriée ici à notre plante au feuillage sombre.
Dans l'Indre, la floraison du cerfeuil penché chevauche celle de l'anthrisque, à laquelle s'ajoute celle du torilis. Pour sortir de la mêlée, le torilis gagne les lieux secs, l'anthrisque porte son dévolu sur les lisières humides des cultures... pendant que le cerfeuil se met à l'ombre.
Chronique NR du 24 mai 2007
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